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" J'avais un trac épouvantable devant Hasselmans "

    Lorsque Lily a 8 ans, sa mère l'emmène chez Alphonse Hasselmans, professeur au Conservatoire de Paris, et lui demande de donner des leçons à sa fille. Il refuse d'abord, car il ne prend jamais de débutant. La mère de Lily se lève : " Dans ce cas, ma fille ne jouera pas de harpe ". Sidéré par un tel aplomb, il finit par accepter. Trois ans plus tard, Lily entrera au Conservatoire. Elle sera toujours impressionnée par ce professeur glacial qu'elle admire et craint à la fois. Mais sa mère l'accompagnera à chaque cours pour la rassurer de sa présence.

" La compétition, c'est le nerf de la guerre "

    Lily Laskine dit elle-même que son amour propre et sans doute sa volonté de ne pas décevoir ses parents, qu'elle admire, ont été de puissants stimulants. Elle a aussi l'esprit de compétition. Lorsqu'elle entre au conservatoire en 1904, elle est confrontée à des élèves parfois plus agées qu'elle. L'une d'elle, ayant presque le double de son âge, lui dira un jour " vous ne voulez tout de même pas vous comparer à nous ! " ; Justement, si, et elle sera la meilleure. Elle obtient à 11 ans ½ un deuxième prix avec le concerto d'Henriette Renié et l'année suivante, en 1906, le premier prix avec la Légende d'Albert Zabel : elle a tout juste 13 ans et ne prendra plus jamais aucune leçon. Elle sera son propre maître et montera seule, avec génie, tout son répertoire.

" J'étais bien contente, de jouer de la harpe comme ça, mais j'aurais bien voulu être chanteuse ou danseuse ! "

    Plus tard, pendant la première guerre, elle se passionnera pour le chant et la danse. Pour la danse, c'était beaucoup trop tard et pas du tout adapté à son physique : on le lui fit savoir. Elle était par ailleurs bonne chanteuse : " j'avais une jolie voix bien qu'un peu mince. Si je n'avais pas été harpiste, j'aurais sans doute fait une honnête carrière de chanteuse ". Elle se toqua également d'une troisième passion : l'harmonie. Elle en aimait la rigueur et la précision. Au fond, elle était une éclectique que la harpe seule ne pouvait satisfaire entièrement. "
 

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